Extrait

Extrait 1

Ils quittèrent le magasin, Alkreg récupéra ses armes dans le vestibule et une fois dans la rue, il dit à Roger :

—   C’est indispensable à notre époque, ces traducteurs miniaturisés vous permettront de comprendre la quasi-totalité des langues et dialectes parlés dans la Galaxie, soit environ quinze mille cinq cents formes de langage.

—   Impressionnant, répondit Roger.

Après quelques minutes de marche, Alkreg prit Roger par le bras.

—   Venez, il est temps de se restaurer ! Nous sommes dans une partie de la ville où nous devrions être au calme.

Ils pénétrèrent alors dans un bar. Un couple était attablé au fond de la salle principale et deux hommes discutaient sur leur gauche. Le tenancier était présent. Il somnolait derrière son comptoir et l’entrée des deux personnes le fit brusquement sursauter.

Ils s’assirent à une table et commandèrent une bière ainsi qu’une petite collation colorée. Roger était affamé ; il ne chercha pas à savoir ce qu’il y avait dans son assiette et il ingurgita ce qui semblait être un blanc de poulet et une mixture à la teinte bleutée. Il reprit alors la conversation qu’ils avaient laissée en suspens à l’entrée de la ville.

—   Pourquoi ces robots sont-ils un mal ?

Alkreg reprit son récit :

—   Lorsque les Stellians ont aidé les humains à reconstruire les bases d’une civilisation, les robots ont joué un rôle important et ils sont devenus de plus en plus nombreux.

—   Et alors ?

—   Et alors ? Un jour, ils se sont révoltés. Personne n’a jamais su pourquoi et je pense que personne ne le saura jamais. Ils se sont révoltés et voilà tout : c’était il y a cinq siècles, dans les années 2480. En quelques mois, ils ont pris le contrôle de la Fédération terrestre et ont chassé les Stellians.

—   Et depuis ?

—   Ils ont beaucoup œuvré, mais seulement pour leurs propres intérêts. Ils se sont lancés à la conquête des étoiles, ils ont colonisé de nouveaux mondes, ils sont entrés en contact avec d’autres ethnies galactiques et leur pouvoir est devenu immense. Ils contrôlent tout. Sur Terre, ils ont instauré une véritable dictature qui ne tolère quasiment aucune opposition, et enfin, chose que je ne puis supporter, ils sont responsables d’un génocide que subissent ceux de ma race depuis trop longtemps.

Extrait 2

Après un vol d’une heure, la capsule de sauvetage pénétra à très grande vitesse dans l’atmosphère vénusienne. Cette intrusion fut extrêmement mouvementée : la capsule tremblait fortement dans un bruit d’enfer et ses occupants s’accrochaient fermement à leur harnais de sécurité.

—   Mais vous vous rendez compte, cria Kevin en tremblant. Je suis resté mille ans dans un putain de sarcophage à flotter dans un liquide qui ressemble à de la pisse d’âne. Je me réveille dans un monde de science-fiction post-apocalyptique, et là… là, j’ai l’occasion de voyager dans un vaisseau spatial ! Un truc de ouf que jamais j’aurais pensé pouvoir faire un jour. Et je voyage dans quoi ? Un vaisseau benne à ordures ! Mais sérieux !! Un voyage en première classe ? Non mon con ! Dans une benne à merde !!

Il fit une grimace qui aurait probablement inspiré Tex Avery.

—   Et maintenant que je pue la merde et la bidoche avariée, ajouta-t-il, je vais me crasher la tronche, saucissonné dans le baquet d’une capsule de survie sur une planète où il fait quatre cent cinquante degrés et où il pleut de l’acide sulfurique ! Fait chier merde !!!

—   On va s’en sortir, lui répondit Vladimir, t’inquiète pas ! Et laisse-moi te dire que tes données sont un peu erronées. Le Ram, depuis cent soixante-quinze ans, a entamé la terra-formation de Vénus. La température n’est plus que de quatre-vingts degrés Celsius en moyenne. L’atmosphère est toujours aussi dense, un peu moins corrosive, mais la pression atmosphérique est tombée à vingt-cinq atmosphères.

—   Super, dit Kevin en bougonnant.

—   Et pardon de t’avoir un peu secoué tout à l’heure.

—   Merci, répondit Kevin. Je peux clamser kiltran[1] maintenant que je sais qu’t’es plus vénère après moi.

Vladimir eut un petit sourire, il avait dû comprendre ce qu’avait dit Kevin. Les vibrations s’amplifièrent. Après une chute de plusieurs minutes, le module de sauvetage actionna ses rétrofusées, le freinage fut extrêmement puissant, et soudain il y eut un grand choc. Des coussins gonflables de sécurité se déployèrent sur chaque siège. La capsule venait de toucher avec fracas le sol vénusien.

Dans l’habitacle de cette dernière, quelques courts-circuits firent jaillir des étincelles et une légère fumée envahit l’espace. Les cinq occupants avaient été sérieusement secoués et il leur fallut quelques instants pour reprendre leurs esprits. Mad Sex et Destrex furent les premiers à s’extraire de leurs sièges baquets. Mad Sex se dirigea immédiatement sur le poste de contrôle et Vladimir, légèrement commotionné, se leva à son tour : il aida, avec Destrex, les deux adolescents à sortir de leurs fauteuils. La navette de secours ne s’était pas posée correctement, mais légèrement penchée et en équilibre instable sur un gros rocher.

[1] Mourir tranquille.